Tout comprendre du Tracking Server-Side : définition, applications et solutions

On assiste depuis quelques mois à un très net engouement de la part des experts de l’analytics pour le Tracking Server-Side, notamment pour pallier aux problèmes liés aux cookies (ITP, Adblocks…). 

En atteste notamment le vif intérêt porté à l’outil de Google, GTM Server-Side, ou encore aux API de conversions de Facebook basées sur cette méthode.  Si le Tracking Server-Side présente des bénéfices incontestables, ce n’est tout de même pas la panacée.

Qu’est-ce que le Tracking Client-Side ?

Avant de nous attarder sur le Tracking Server-Side, prenons le temps de présenter son pendant, le Tracking Client-Side, qui est le plus couramment utilisé. Ce modèle consiste à collecter de la donnée grâce à des balises Javascript intégrées au sein des pages web et exécutées directement sur le navigateur de l’internaute. Les informations récoltées sont transmises du navigateur à un serveur distant qui se charge alors de traiter et de stocker les données (outil analytics, plateforme publicitaire, etc).

Le suivi côté client est donc facilement identifiable et contrôlable alors que les échanges d’un serveur à un autre (le principe du Server-Side)  sont beaucoup plus difficilement détectables, voire invisibles. 

Qu’est-ce que le Tracking Server-Side ?

Le Tracking Server-Side (ou suivi côté serveur) désigne le principe de recueillir des données générées par un utilisateur lors de la consultation d’une page web et de les faire transiter tout d’abord via un serveur web (ou tout autre type de serveur) avant de les transmettre à un système ou serveur de destination (ex : une solution analytics, un système CRM, des outils de personnalisation, etc.).

Bon à savoir : le serveur initial est généralement le serveur web hébergeant le site web. Lors d’une visite d’un internaute, le serveur présente une page web au visiteur, collecte à cette occasion des informations qui sont ensuite transmises à un serveur de tracking qui traite et stocke toutes les données. Le transit par un serveur intermédiaire n’est pas indispensable, à l’exception de certaines configurations (par exemple, avec l’outil GTM Server-Side).

Différences entre le Tracking Client-Side et le Tracking Server-Side

Quels sont les avantages du Tracking Server-Side ?

Améliorer les performances d’un site web

Plus on ajoute de tags tiers (services analytics, régies publicitaires, réseaux sociaux, etc) dans le code de source d’une page, plus on affecte potentiellement leur temps de chargement. Avec la technologie Server-Side, le tracking passe uniquement par des serveurs, ce qui permet de réduire la charge côté client et garantit donc un temps de chargement plus rapide

Exemple : si vous intégrez sur votre site 7 tags de solutions tierces, alors en mode Client-Side, vous générez 7 requêtes du navigateur de l’utilisateur vers les serveurs des acteurs tiers. En mode Server-Side, vous n’avez plus qu’une seule requête mutualisée car la répartition des données se fait depuis le serveur web.

De plus, si vous réduisez le nombre de balises, vous diminuez les risques de bugs d’affichage et autres dysfonctionnements techniques qui peuvent impacter à terme l’expérience utilisateur.

Sécuriser les données

Le Tracking Server-Side permet de contrôler de A à Z les données générées par les internautes puisqu’elles transitent toutes vers un serveur dont l’éditeur du site web est propriétaire ou gestionnaire. Ainsi, il peut se prémunir des risques de fuites de données ou encore du chargement de scripts tiers potentiellement corrompus ou malveillants.

En outre, il décide du volume et de la nature des informations transmises aux serveurs de destination (outils analytics, plateformes publicitaires…).

Améliorer la qualité des données collectées

Les adblockers (près de 44% des internautes français en seraient équipés !), les fonctionnalités ITP (l’Intelligent Tracking Prevention est une fonctionnalité par Apple sur son navigateur Safari pour limiter le suivi des utilisateurs à l’aide de cookies. ) et autres méthodes de barrage du tracking bloquent généralement les requêtes depuis un navigateur vers un serveur externe. Ainsi, les données des internautes qui en sont équipés sont majoritairement retenues dans le navigateur et ne sont jamais transmises au serveur de tracking, d’où des données analytiques incomplètes à l’échelle globale.

Dans un modèle Server-Side, comme le navigateur est incapable de repérer une connexion entre deux serveurs distants (votre serveur web et le serveur de tracking) ces systèmes de protection se révèlent inefficaces.

Néanmoins, soyez conscient que ces systèmes peuvent encore bloquer des fonctionnalités Server-Side spécifiques et empêcher la transmission de certaines données. Par exemple, les données envoyées au serveur web peuvent être tronquées et rendre le tracking inefficient. Mais, leur performance face à un dialogue serveur à serveur est tout de même amoindrie.

La fiabilisation des données apportée par le Tracking Server-Side permet également de limiter les écarts constatés entre les données analytiques et les données back-office (comme les ventes ou le chiffre d’affaires), à condition néanmoins d’obtenir le consentement préalable et explicite du visiteur dans le cadre du RGPD. 

Attention : on connaît bien le jeu du chat et de la souris… On peut imaginer que les adblockers et les navigateurs corrigeront tôt ou tard le tir pour s’adapter à ce nouveau modèle de tracking.

Quels sont les inconvénients du Tracking Server-Side ?

Les coûts d’utilisation

Il faut prendre en compte les coûts d’utilisation car le mode Server-Side impose d’être propriétaire d’un (ou plusieurs) serveur(s) et d’exploiter des ressources cloud. Le prix dépend de la technologie utilisée et de la plateforme de stockage (Google Biq Query, AWS, Azure, etc).

La migration technique

La bascule d’un Tracking Client-Side en Server-Side peut s’avérer vite chronophage mais peut néanmoins être réalisée étape par étape

Par exemple, sur l’outil GTM Server-Side, on configure le conteneur puis on déploie le serveur de tracking avant de le faire pointer vers le nom de domaine du site concerné par le tracking Server-Side. Cette phase initiale exige de mobiliser un web analyst, un développeur et l’hébergeur.

Mais, une bascule complète de votre plan de marquage en Server-Side n’est pas chose aisée. Pour commencer, chaque solution déployée sur un site web doit correspondre à un modèle de marquage Server-Side particulier. Et, à ce stade, les outils de tracking Server-Side (comme GTM) ne proposent pas énormément de templates de tracking qui simplifieraient la bascule.

L’incompatibilité avec certains tags et technos

Pour le moment, l’architecture Server-Side n’est pas compatible avec certains tags, à l’image de ceux d’Hotjar dont certaines fonctionnalités comme le Session Recording doivent nécessairement s’exécuter côté client.
Elle n’est pas non plus valable pour tous les sites type PWA (Progressive Web Apps) dont le principe est justement de limiter le nombre d’appels serveur pour gagner en vitesse de chargement.

La complexité de l’A/B testing

Les A/B tests côté serveur peuvent être plus compliqués à mener car la mise en place des cas d’usage exige de mobiliser à la fois des développeurs front-end et back-end, d’où un process bien moins agile que celui du Client-Side. 

En effet, l’A/B testing en Client-Side peut être réalisé rapidement grâce au simple dépôt d’un tag. En Server-Side, il convient de non seulement déposer le tag pour le tracking mais il faut également mobiliser des développeurs back-end pour s’assurer que les versions des tests sont correctement distribuées aux groupes de visiteurs concernés et affichées sur leurs navigateurs.

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Quelles obligations en matière de RGPD ?

Précisons tout de suite que l’emploi du Server-Side n’exempte quiconque d’obtenir au préalable le consentement explicite de l’internaute. Certaines des données collectées peuvent être considérées comme des données personnelles telles qu’elles sont définies dans le RGPD (article 4). A ce titre, leur collecte doit être soumise à l’obtention d’un consentement explicite, libre et éclairé de la part de l’internaute. 

Si cette méthode est régulièrement citée comme un palliatif au RGPD, c’est tout simplement parce qu’elle est plus difficilement détectable.

Il est en effet possible de contrôler via la console d’un navigateur le dépôt des cookies d’une solution analytics installée en mode Client-Side (il s’agit d’ailleurs de la méthode que nous utilisons pour mettre à jour notre baromètre annuel RGPD & Cookies). 

Le Tracking Server-Side s’apparente plus à une boîte noire impossible à contrôler à l’extérieur

On peut ainsi penser que la CNIL elle-même aurait davantage de difficultés à contrôler via des crawlers et à grande échelle la conformité de sites web ayant recours au Tracking Server-Side. 

Quelles solutions et infrastructures techniques sont compatibles avec le Server-Side ?

TMS (Tag Management System) GTM, TagCommander, Tealium, etc
Solutions analytics Google Analytics 3, Google Analytics 4, AT Internet, Matomo, etc
Infrastructures Google Cloud Platform, Amazon, Azure*, Big Query**…


* Azure facilite l’utilisation dans PowerBI
** Big Query simplifie l’exploitation des données dans Data Studio

Sorti de bêta en 2021, GTM propose aujourd’hui un conteneur Server-Side qui permet une première approche avec ce modèle de tracking. En parallèle, on peut créer automatiquement les serveurs nécessaires dans un environnement Google Cloud Platform.

Bon à savoir : GTM Server-Side introduit l’entité “client” qui joue le rôle de “traducteur” pour le serveur de transition. En effet, le client GTM écoute les demandes HTTP entrantes puis les retranscrit en un modèle lisible d’événements. Après, les tags déployés dans le conteneur Server-Side récupèrent ces informations avant de les envoyer vers les serveurs de destination des outils (outil analytics, plateforme publicitaire…).

 

En conclusion, quelle démarche adopter avec le Server-Side ?

Nous vous recommandons de considérer le Tracking Server-Side comme une option solide pour fiabiliser, sécuriser vos flux de données et optimiser la performance de votre site web

Néanmoins, n’oubliez pas de prendre en compte le coût associé à cette migration qui dépend énormément du volume de trafic du site. 

Aussi, veillez à pouvoir mobiliser une équipe technique ultra-compétente pour installer l’infrastructure idoine et la monitorer. 

Enfin, n’utilisez surtout pas le Server-Side comme prétexte de contournement du RGPD. Vous risqueriez de vous faire rattraper tôt ou tard par la patrouille !

Empirik peut vous accompagner dans vos réflexions sur votre stratégie Analytics et dans la migration de votre tracking vers une architecture Server-Side.

Revivez notre retour d'expérience du déploiement de Matomo

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