Tout comprendre du Tracking Server-Side : définition, applications et solutions

Depuis quelques années, l’engouement des experts de la webanalyse pour le tracking Server-Side ne faiblit pas, notamment pour pallier aux problèmes liés aux cookies (ITP, Adblocks…). 

En atteste notamment le vif intérêt porté à la solution de Google, GTM Server-Side, ou encore aux API de conversions de Facebook basées sur des variantes de cette méthode (CAPI). 

Qu’est-ce que le Tracking Client-Side ?

Le Tracking Server-Side (ou suivi côté serveur) désigne le fait de recueillir des données générées par un utilisateur lors de sa consultation d’une page web en les faisant transiter directement du serveur web délivrant ces pages à un serveur de destination (ex : une solution analytics ou publicitaire, un système CRM, des outils de personnalisation, etc.). On élimine ainsi complètement les échanges directs entre le navigateur et les solutions analytics.

Bon à savoir : A noter l’existence de solutions de « tagging server side » que l’on pourrait rapprocher du edge computing/analytics. “GTM server-side” en est un bon exemple : 

Lors d’une visite d’un internaute, le serveur présente une page web au visiteur, une requête est alors effectuée depuis le navigateur vers un serveur intermédiaire (hébergeant le conteneur GTM “server-side”) qui va se charger de traiter et dispatcher la donnée de tracking vers les serveurs des différentes solutions (analytics, ads, etc.).

Et le Tracking Client-Side ?

Avant de nous plonger plus avant dans le Tracking Server-Side, prenons le temps de présenter son pendant, que tout le monde pratique sans le nommer depuis que Google Analytics existe : le Tracking Client-Side. Ce modèle consiste à collecter de la donnée grâce à des balises Javascript intégrées au sein des pages web et donc exécutées directement dans le navigateur de l’internaute. Les informations récoltées sont transmises du navigateur à un serveur distant qui se charge alors de traiter et stocker ces données (outil analytics, plateforme publicitaire, etc).

Le suivi côté client est donc facilement identifiable et contrôlable, contrairement aux échanges d’un serveur à un autre (le principe du Server-Side) qui sont indétectables depuis l’extérieur.

Différences entre le Tracking Client-Side et le Tracking Server-Side

Quels sont les avantages du Tracking Server-Side ?

Améliorer la qualité des données collectées

Les adblockers (près de 44% des internautes français en seraient équipés !), les fonctionnalités ITP (l’Intelligent Tracking Prevention est une fonctionnalité par Apple sur son navigateur Safari pour limiter le suivi des utilisateurs à l’aide de cookies. ) et autres méthodes de barrage du tracking bloquent généralement les requêtes depuis un navigateur vers un serveur externe. Ainsi, les données des internautes qui en sont équipés sont retenues dans le navigateur et ne sont jamais transmises au serveur de tracking, d’où des données analytiques incomplètes à l’échelle globale.

Dans un modèle Server-Side, comme le navigateur est incapable de repérer une connexion entre deux serveurs distants (votre serveur web et le serveur de tracking) ces systèmes de protection ne peuvent opérer.

Néanmoins, soyez conscient que ces systèmes peuvent encore bloquer des fonctionnalités Server-Side spécifiques et empêcher la transmission de certaines données. Par exemple, les données envoyées au serveur web peuvent être tronquées ou réécrites. Mais, la performance des adblockers face à un dialogue serveur à serveur est tout de même amoindrie.

Par ailleurs, les adblockers sont capables de repérer des envois depuis le navigateur à des solutions de tagging server-side et donc de les bloquer. La “signature” des requêtes envoyées à GTM server-side, par exemple, étant très proche de celles envoyées au serveur de tracking par une solution client-side, les adblockers ont peu de peine à bloquer ce trafic sortant.

La fiabilisation des données apportée par le Tracking Server-Side permet également de limiter les écarts constatés entre les données analytiques et les données back-office (comme les ventes ou le chiffre d’affaires), à condition néanmoins d’obtenir le consentement préalable et explicite du visiteur dans le cadre du RGPD/ePrivacy ou d’utiliser des indicateurs statistiques ne nécessitant aucune donnée personnelle. 

Pour un exemple concret nous pouvons citer notre accompagnement au déploiement d’une implémentation Matomo full server-side pour Clubic qui a apporté un gain dans la récolte inestimable pour le pilotage de l’activité : 

 

Revivez notre retour d'expérience du déploiement de Matomo en full Server-Side

Améliorer la récolte publicitaire en suivant les évolutions des plateformes

Les principales plateformes publicitaires poussent depuis quelque temps déjà des versions dites “CAPI” (Conversion API) de leur tracking. Celles-ci impliquent l’utilisation d’une solution server-side (a minima d’un GTM “server-side”) pour “doubler” le tracking client-side d’un tracking server permettant une récolte plus fiable et plus importante de data. On peut citer Meta (Facebook), Google Ads et Floodlight, Pinterest, Snapchat, TikTok et d’autres encore.

La fin des cookies tiers, et la nécessité de passer par des cookies propriétaires (dit cookies first party) est aujourd’hui l’argument décisif derrière ces évolutions.

Etude de cas

Résultats du déploiement de Meta CAPI

Améliorer les performances d’un site web

Plus on ajoute de tags tiers (services analytics, régies publicitaires, réseaux sociaux, etc) dans le code de source d’une page, plus on affecte potentiellement leur temps de chargement. Avec le Server-Side, le tracking passe uniquement par des serveurs, ce qui permet de réduire la charge côté client et garantit donc un temps de chargement plus rapide

Exemple : si vous intégrez sur votre site 7 tags de solutions tierces, alors en mode Client-Side, vous générez 7 requêtes du navigateur de l’utilisateur vers les serveurs des acteurs tiers. En mode Server-Side, vous n’avez plus qu’une seule requête mutualisée car la répartition des données se fait depuis le serveur web.

De plus, si vous réduisez le nombre de balises, vous diminuez les risques de bugs d’affichage et autres dysfonctionnements techniques qui peuvent impacter à terme l’expérience utilisateur.

Sécuriser les données

Le Tracking Server-Side permet de contrôler de A à Z les données générées par les internautes puisqu’elles partent (ou transitent) toutes via un serveur dont l’éditeur du site web est propriétaire ou gestionnaire. Ainsi, il peut se prémunir des risques de fuites de données ou encore du chargement de scripts tiers potentiellement corrompus ou malveillants.

En outre, il décide du volume et de la nature des informations transmises aux serveurs de destination (outils analytics, plateformes publicitaires…).

Ceci permet également de s’assurer de la standardisation des données ainsi transmises, facilitant leur comparaison

Quelles sont les limites du Tracking Server-Side ?

Les coûts d’utilisation

Il faut prendre en compte les coûts d’utilisation car le mode Server-Side impose d’être propriétaire et administrateur d’un (ou plusieurs) serveur(s) et d’exploiter des ressources cloud. Le prix dépend de la technologie utilisée et de la plateforme de stockage (Google Biq Query, AWS, Azure, etc) et bien sûr de la quantité de trafic (et donc de tracking) de votre site.

Notez que les coûts de fonctionnement seront récurrents et qu’il faudra prévoir des frais spécifiques “one-shot” lors de la migration.

Pour la majeure partie des sites, le coût restera très raisonnable en regard du gain.

 

La migration technique

La bascule d’un Tracking Client-Side en Server-Side peut s’avérer chronophage mais est réalisée étape par étape

A noter que d’excellentes solutions, telle Addingwell, permettent un déploiement clefs en mains de l’infrastructure nécessaire à cet hébergement et à la gestion du conteneur GTM. Elles permettent en outre un monitoring simplifié du fonctionnement et offrent certaines features nécessaires au contournement des limitations de la durée de vie des cookies. Le gain de temps et de qualité des données collectées est indéniable.

Pour commencer, chaque solution déployée sur un site web doit correspondre à un modèle de marquage Server-Side particulier.  Certaines phases exigent donc de mobiliser un web analyst, un développeur et l’hébergeur.

A ce stade, les outils de tagging Server-Side (comme GTM) proposent déjà des templates pour opérer et simplifier la bascule, notamment pour GA et la plupart des solutions publicitaires. 

En revanche pour du “full” server-side, une grande partie du travail doit être effectuée ad hoc par le ou les développeurs (front & back). Des difficultés peuvent émerger en fonction du stack technique, des performances du serveur, etc.
 

La complexité de l’A/B testing

Les A/B tests côté serveur peuvent être plus compliqués à mener car la mise en place des cas d’usage exige de mobiliser à la fois des développeurs front-end et back-end, d’où un processus plus complexe que celui du Client-Side. 

En effet, l’A/B testing en Client-Side peut être réalisé rapidement grâce au simple dépôt d’un tag. En Server-Side, il convient de non seulement déposer le tag pour le tracking mais il faut également mobiliser des développeurs back-end pour s’assurer que les versions des tests sont correctement distribuées aux groupes de visiteurs concernés et affichées sur leurs navigateurs.

Besoin d’un accompagnement Server-Side ?

Contactez nos experts

Quelles obligations en matière de RGPD ?

L’emploi du Server-Side n’exempte en aucun cas d’obtenir au préalable le consentement explicite de l’internaute. Certaines des données collectées peuvent être considérées comme des données personnelles telles qu’elles sont définies dans le RGPD (article 4). A ce titre, leur collecte est soumise à l’obtention du consentement explicite, libre et éclairé de l’internaute. 

Si cette méthode est régulièrement citée comme un palliatif au RGPD, c’est tout simplement parce que la fraude est plus difficilement détectable.

Il est en effet possible de contrôler via la console d’un navigateur le dépôt des cookies d’une solution analytics installée en mode Client-Side et les requêtes envoyées du navigateur au serveur de tracking. 

Le Tracking Server-Side s’apparente plus à une boîte noire impossible à contrôler depuis l’extérieur

On peut ainsi penser que la CNIL elle-même aurait des difficultés à contrôler via des crawlers et à grande échelle la conformité de sites web ayant recours au Tracking Server-Side. Le seul moyen serait un audit exhaustif du tracking mis en place et des divers logs serveurs associés ou la découverte fortuite d’une exploitation illégale des données.

Quelles solutions et infrastructures techniques sont compatibles avec le Server-Side ?

TMS (Tag Management System) GTM, TagCommander, Tealium, etc
Solutions analytics Google Analytics 3, Google Analytics 4, AT Internet, Matomo, etc
Infrastructures Google Cloud Platform, Amazon, Azure*, Big Query**…

* Azure facilite l’utilisation dans PowerBI
** Big Query simplifie l’exploitation des données dans Data Studio

 

Sorti de beta en 2021, GTM propose aujourd’hui un conteneur Server-Side qui permet une première approche avec ce modèle de tracking. En parallèle, on peut créer automatiquement les serveurs nécessaires dans un environnement Google Cloud Platform, mais cela nécessite des compétences d’admin système ou devops. 

C’est pourquoi les solutions clefs en main sont intéressantes. Elles permettent un déploiement rapide, sans pré-requis technique drastique.

Ces solutions vous proposent de déployer l’infrastructure en quelques clics avec une connaissance technique limitée et l’aide d’un support efficace. Vous vous retrouvez rapidement avec une plateforme prête à l’usage que vous pouvez mettre à disposition de votre équipe de web-analysts pour déployer un tagging via GTM server-side. Elle propose par ailleurs un monitoring bienvenu de votre tracking. On peut citer Addinwell et Staple pour les plus couramment utilisées

On pourra préciser qu’Addingwell semble mieux adapté pour des sites à fort trafic dans le cadre d’une migration partielle ou complète du tagging. Staple serait plus à l’aise pour une migration partielle (tags média principalement) pour des sites à audience plus mesurée.

De même, les TMS concurrents de GTM comme TagCommander proposent des déploiements server-side accompagnés de leur solutions.

Notons que le Tag Manager de CommandersAct permet un déploiement server-side depuis de nombreuses années avec une version “full” server demandant plus de compétences techniques et une version “hybride” plus proche du fonctionnement de GTM server-side 

 

Quelle méthodologie de migration vers un tracking Server-Side ?

Dans le cadre d’une migration vers du tagging server-side (GTM server side et autres TMS)

  1. Auditer le plan de tracking actuel et identifier les tags / solutions à migrer

  2. Mettre en place l’infrastructure accueillant le serveur de tagging (solutions clefs en main, projet Cloud, etc.)

  3. Déployer le TMS sur le serveur de tagging

  4. Paramétrer et déployer le flux de données (ou les tags) côté client

  5. Paramétrer et déployer les tags côté serveur

  6. Mesurer dans les solutions / Comparer avec le client-side

Dans le cadre d’une migration tracking full server-side

  1. Auditer le tracking existant et le stack technique

  2. Définir les tags à migrer

  3. Choisir l’infrastructure technique (serveurs, communication, stockage)

  4. Définir/chiffrer les développements pour migrer le tracking

  5. Déployer l’infrastructure

  6. Intégrer les développements au site (front/back)

  7. Mesurer dans les solutions / Comparer avec le client-side

En conclusion, quelle démarche adopter avec le Server-Side ?

Nous vous recommandons de considérer le Tracking Server-Side comme une option solide pour fiabiliser, sécuriser vos flux de données et optimiser la performance de votre site web

Néanmoins, n’oubliez pas de prendre en compte le coût associé à cette migration qui dépend énormément du volume de trafic du site. 

Aussi, veillez à pouvoir mobiliser une équipe technique ultra-compétente pour installer l’infrastructure idoine et la monitorer. 

Enfin, n’utilisez surtout pas le Server-Side comme prétexte de contournement du RGPD. Vous risqueriez de vous faire rattraper tôt ou tard par la patrouille !

Empirik peut vous accompagner dans vos réflexions sur votre stratégie Analytics et dans la migration de votre tracking vers une architecture Server-Side.

Besoin d'aide et de conseils en Tracking Server-Side ?

Ces articles peuvent vous intéresser

  • Data

Les principales alternatives à Google Analytics conformes au RGPD et validées par la CNIL

  • Data

Expressions régulières (ou RegEx) : définition, cas d'usages et exemples